Plusieurs dizaines de policiers en uniforme et en civil montaient la garde mercredi près d'une fonderie de la province de Shaanxi, dans le centre de la Chine. Quelques jours plus tôt, l'usine avait été attaquée par plusieurs centaines d'habitants de deux villages voisins, où plus de 600 cas d'empoisonnement au plomb ont été décelés chez des enfants.
Un important dispositif de sécurité était visible mercredi le long des routes menant à la fonderie. A un endroit, entre 75 et 100 policiers patrouillaient les rues alors que de petits groupes de parents s'agglutinaient. Les forces de l'ordre sont intervenues pour les disperser quand les parents ont tenté de parler à des journalistes de leurs inquiétudes pour la santé de leurs enfants.
Au moins 615 enfants sur 731 dans deux villages proches de la fonderie de plomb et de zinc Dongling à Changqing ont été testés positifs à un empoisonnement au plomb. Certains présentaient des niveaux dix fois supérieurs au niveau jugé sans danger par Pékin. Jusqu'à mercredi, 80 enfants avaient été admis en observation ou pour des soins à l'hôpital voisin du comté de Fengxiang.
Zha Xiaofang, 41 ans, une habitante du village de Madaokou, a expliqué que sa petite fille de huit ans présentait des niveaux de plomb considérés comme un empoisonnement moyen ou élevé. Son enfant a souffert de douleurs abdominales et de problèmes de mémoire.
"Nous sommes inquiets parce que nous ne savons pas ce qui va se passer et nous n'avons aucune garantie pour l'avenir", a-t-elle déclaré devant le service des enfants où sa fille était soignée. Les journalistes étaient suivis à la trace dans l'hôpital par des policiers en uniforme et en civils qui tentaient de les empêcher de mener des interviews.
L'autre village affecté est Sunjianantou. Et les parents d'une centaine d'enfants attendaient mardi les résultats des tests dans un troisième village, Luobosi.
Lundi, Dai Zhengshe, le maire de la ville de Baoji, qui supervise Changqing, a présenté des excuses aux villageois, assurant que la fonderie ne serait pas autorisée à rouvrir tant qu'elle ne respecterait pas les normes sanitaires, selon l'agence de presse Xinhua (Chine Nouvelle).
Des villageois ont détruit les barrières et bloqué la circulation devant l'usine, furieux que l'usine défie l'arrêté de suspension de ses opérations pris le 6 août. Des heurts entre parents et policiers avaient éclaté dimanche et des camions livrant du charbon à l'usine ont été caillassés.
Le maire a expliqué que l'usine n'avait interrompu la production que lundi pour des raisons de sécurité. "Nous devions nous assurer qu'il ne restait plus de gaz dans les canalisations avant que l'usine puisse enfin fermer". Les autorités ont promis de reloger des centaines de familles d'ici deux ans, selon Xinhua, mais les habitants n'étaient pas rassurés.
Les problèmes d'environnement se sont multipliés ces dernières années en Chine avec le boom de l'économie, entraînant souvent des manifestations violentes. Profitant de la faiblesse des contrôles, certaines compagnies se débarrassent des déchets toxiques dans les rivières ou le sol.
L'empoisonnement au plomb peut endommager le système nerveux et les organes de reproduction et provoquer de l'hypertension, de l'anémie et une perte de mémoire. Il est particulièrement dangereux pour les jeunes enfants et les femmes enceintes et les foetus, entraînant des dommages souvent irréversibles, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). AP