LA CROIX
PARIS (AFP)
Le dalaï lama, chef spirituel des Tibétains en exil, effectue samedi et dimanche une visite diplomatiquement très sensible en France, au cours de laquelle il recevra le titre de "citoyen d'honneur" de la ville de Paris, en dépit de la colère de Pékin. La cérémonie, pour laquelle le dalaï lama s'est dit "honoré", aura lieu dimanche après-midi en présence du maire de Paris, Bertrand Delanoë. Aucun autre rendez-vous officiel n'est programmé et "aucune autre personnalité ne s'est manifestée pour le moment" pour rencontrer le dalaï lama, a indiqué le secrétaire général du bureau du Tibet à Paris Wangpo Bashi. Les relations franco-chinoises viennent à peine de se remettre de quatre mois de "brouille" consécutifs à une rencontre en décembre entre le président français Nicolas Sarkozy et le dalaï lama, qui avait ulcéré la Chine. Début avril, la France et la Chine ont officiellement mis fin à ces tensions. M. Sarkozy a nié l'existence d'un accord secret avec Pékin au terme duquel il aurait renoncé à rencontrer le dalaï lama en échange de la reprise d'un dialogue de haut niveau avec la Chine. La France a cependant réaffirmé qu'elle "récuse tout soutien à lindépendance du Tibet". "Nous savions que sa visite coïncidait avec l'élection européenne, qui est une échéance importante, les cérémonies pour le Débarquement du 6 juin (en présence du président américain Barack Obama) et aussi le 4 juin, l'anniversaire de Tiananmen", 20 ans après l'écrasement par l'armée chinoise d'un vaste mouvement de contestation, a admis Wangpo Bashi. "Le principe de sa sainteté est de ne pas être gênant ou représenter un inconvénient pour ses hôtes", a-t-il expliqué. Avec cette visite de deux jours, le dalaï lama, prix Nobel de la Paix, bête noire de la Chine qui l'accuse de séparatisme, alors qu'il affirme prôner une autonomie du Tibet, achève une tournée européenne qui l'aura mené au Danemark, en Islande et aux Pays-Bas. La Chine, qui a fustigé la rencontre présentée comme "privée" entre le dalaï lama et le Premier ministre danois Lars Loekke Rasmussen, a de nouveau menacé cette semaine les pays qui l'accueillent d'une "grave détérioration" de leurs relations avec Pékin. La mairie de Paris a déjà essuyé les foudres de Pékin après avoir confirmé qu'elle remettrait au dalaï lama, durant sa visite, le titre de "citoyen d'honneur", attribué en 2008. La Chine lui a immédiatement demandé de cesser ses "ingérences dans les affaires intérieures chinoises". "Pas question d'ingérences" mais "pas question non plus de renoncer à mes convictions, sans provocation" Selon son programme, le chef tibétain en exil doit avoir une rencontre dimanche matin avec des membres de la communauté tibétaine en France. Mais surtout, il a prévu de s'entretenir avec des Chinois de Paris. "Homme de réconciliation et de dialogue, le dalaï lama prône louverture et appelle à des relations franches et amicales entre le peuple tibétain et le peuple chinois", a indiqué le Bureau du Tibet à Paris. Le dalai lama donnera également une conférence dimanche à Paris, au Palais-omnisports de Bercy qui peut accueillir jusqu'à 12.000 personnes, sur le thème "Ethique et société". Devenu un symbole pour les opposants au régime chinois qui dénoncent les atteintes aux droits de l'homme dans ce pays, le 14ème dalaï lama, 73 ans, vit en exil en Inde depuis qu'il a fui le Tibet après l'échec d'un soulèvement anti-chinois à Lhassa en 1959. |