167 sur 173 dans le dernier classement mondial
Superficie : 9 596 960 km
Population : 1 360 445 010
Langue : mandarin
Chef de l'Etat : Hu Jintao, depuis mars 2003
De nombreux médias tentent de s'émanciper du contrôle du Département de la propagande et des autorités locales, mais le Parti communiste n'abandonne pas ce secteur "stratégique"
La Chine est la plus grande prison du monde pour les journalistes, blogueurs et cyberdissidents. La majorité de la centaine de détenus ont été condamnés à de lourdes peines de prison pour "subversion" ou "diffusion de secrets d'Etat" et sont détenus dans des conditions difficiles. Les journalistes sont souvent soumis au travail forcé. Les autorités locales, très sensibles à la mauvaise publicité que peuvent attirer des reportages sur la corruption ou le népotisme, continuent à arrêter des journalistes. Fin 2008, deux reporters ont ainsi été interpellés par les autorités du Shanxi (Centre). De son côté, la police politique concentre ses efforts sur les militants de la liberté d'expression. Après le dissident Hu Jia, c'est l'universitaire Liu Xiaobo qui a été emprisonné pour avoir participé au lancement de la Charte 08, un texte signé par des milliers de démocrates. Plus de cent signataires ont été interpellés, menacés, convoqués par la police politique, aux quatre coins du pays.
Le Parti communiste mobilise des moyens financiers et humains colossaux pour maintenir le contrôle sur l'information. La majorité des programmes en chinois, tibétain et ouighour des radios internationales sont brouillés grâce à des centaines d'antennes installées dans tout le pays. Des milliers de sites Internet sont bloqués et des dizaines de milliers de cyberpoliciers et cybercenseurs scrutent en permanence la Toile pour l'épurer des contenus "immoraux et subversifs". Tandis que le gouvernement finance à fonds perdu des médias officiels pléthoriques, notamment l'agence Xinhua et le groupe audiovisuel CCTV, pour alimenter sa propagande.
Les Jeux olympiques de Pékin de 2008 ont été marqués par une politique de contrôle de l'information sans précédent. C'est bien une "censure criminelle" qui a notamment étouffé le scandale du lait contaminé à la mélamine pendant les épreuves olympiques. Sans nul doute, des vies d'enfants auraient pu être sauvées si la presse avait été autorisée à alerter le public sur cette affaire de santé publique.
Une fois les JO achevés, la presse libérale a pu reprendre son travail de dénonciation de certaines dérives du pouvoir et des entreprises. Ainsi, Les Nouvelles de Pékin ont enquêté sur des internements psychiatriques forcés de pétitionnaires. Mais il demeure dangereux de mettre en cause les puissants, notamment les acteurs économiques, comme la Banque agricole de Chine qui a obtenu, fin 2008, la suspension de la licence de l'hebdomadaire économique China Business Post. Tous les médias doivent en effet obtenir une licence auprès d'une institution étatique.
Et, à la veille du 20e anniversaire du mouvement démocratique de juin 1989, tous les médias se voient imposer le silence sur la répression consécutive à cet événement. De même, les journalistes ne peuvent que relayer la propagande hostile au mouvement spirituel Falungong, dont la chaîne de télévision NTDTV et les sites d'informations sont inaccessibles dans le pays.
Les autorités misent toujours sur la censure, mais investissent également dans la propagande, avec la volonté de moderniser les médias, mais toujours au profit de la ligne du Parti communiste. Ainsi, les autorités mobilisent des milliers de "petits propagandistes" payés pour repérer sur Internet les contenus subversifs. Et la Chine veut rivaliser avec les chaînes internationales en créant une "CNN à la chinoise", car selon le directeur du Département de la propagande, Liu Yunshan, "il est devenu urgent pour la Chine de faire en sorte que [ses] capacités de communication soient en phase avec [son] prestige à l'échelle internationale ". Cependant, la crédibilité de ces médias est rudement ébranlée lorsque le discours d'investiture de Barack Obama est censuré au moment où le Président évoque son "soutien aux dissidents".
Au Tibet, depuis mars 2008, la répression s'abat sur ceux qui tentent de faire circuler des témoignages, notamment des images, attestant des violences commises par les forces de sécurité. Une dizaine de moines ou militants de la culture tibétaine sont détenus, certains condamnés à la prison à vie. La presse locale relaie une propagande virulente, notamment Le Quotidien du Tibet qui n'hésite pas à affirmer que la Chine est engagée dans une "lutte de classes à la vie à la mort" contre la "clique du dalaï-lama et les forces occidentales hostiles".
Malgré des lois strictes et un système d'autocensure imposé aux entreprises du secteur, Internet est un espace plus libre que la presse. Les blogueurs, et plus généralement les internautes, relaient des informations bannies dans les médias. Ils contribuent à la formation de l'opinion publique. Souvent ridiculisés pour avoir passé sous silence des événements importants, notamment l'incendie du complexe de CCTV début 2009, les médias officiels sont alors contraints d'évoquer des sujets sensibles.
La presse étrangère est censée jouir d'une liberté de mouvement et d'interview - l'un des rares acquis de la période olympique -, mais dès que les correspondants internationaux s'intéressent à des sujets sensibles, notamment le Tibet, la dissidence ou l'épidémie de sida, ils sont victimes d'entraves, voire de violences. Le Club des correspondants de la presse étrangère en Chine (FCCC) a recensé, en 2008, 178 cas d'interférence avec les médias étrangers, dont 63 affaires pendant la période olympique.
Pour limiter les reportages défavorables dans la presse étrangère, les autorités font pression sur les assistants chinois des correspondants, les obligeant à s'enregistrer auprès d'un organisme semi-officiel, ou intimident les sources d'information. Plusieurs Chinois sont emprisonnés pour avoir simplement répondu aux questions de médias étrangers.